Dialogue entre répertoire allemand et français (1750-1780)
Au milieu du 18e siècle a lieu un rapide changement de style dans toute l’Europe. Carl Philipp Emanuel Bach, représentant de l’Empfindsamkeit, et son rival Nichelmann à la cour de Frederic II, se distinguent de la génération précédente par une recherche d’expressivité plus personnelle et subjective, tout en étant héritiers d’un savoir-faire contrapuntique très allemand. En France c’est l’apogée du Concert Spirituel dont sont issus Leduc et Vachon qui, malgré le conservatisme ambiant, développent une œuvre d’une grâce rafraichissante. La musique de chambre de Leduc est raffinée, oscillant entre un charme mozartien, une clarté qu’il hérite de Leclair, et même des accès pré-romantiques, sorte de Sturm und Drang à la française. Pierre Vachon (1738-1803) voyage et fait une carrière internationale, de Paris à Londres, puis Berlin à la fin de sa vie, où il côtoie ces compositeurs allemands. Le charmant trio final, comme « après la tempête », montre une intégration parfaite du style classique viennois.
Celles de Leduc et Vachon sont des trios à deux violons et violoncelle, genre particulièrement français que l’on retrouve dans beaucoup de publications de l’époque.
Matthieu Camilleri, violon | Clara Mühlethaler, violon et alto | Camille Rancière, alto | Keiko Gomi, violoncelle | Philippe Grisvard, clavecin